mardi 20 avril 2010

Entre filles: épisode16: le mythe

Publié par bella_ragatsa à 07:22

J’ai beau essayé d’analyser le sens d’une nouvelle connaissance selon Amira, et j’ai fini par conclure qu’elle avait honte de moi, et que même en tant qu’amie, elle ne voulait pas m’accepter alors à quoi bon continuer une pseudo relation, qui ne se formulait que dans ma tête ?
Le lendemain, après m’avoir réveillée, à 16h, cernée comme un monstre, et les cheveux éparpillés dans tous les sens comme des satellites, je trouvai un texto m’attendant sur mon cellulaire, de la part de ma soi-disant copine « Bonjour Yasmine, je ne veux plus te voir ni que tu m’appelle, à dieu ».
C’était clair au moins, qu’elle m’a doublé même en matière de plaquer. Et je ne sais pas, je n’étais pas émue, ni touchée par son texto. C’est peut être dû au fait, que je me suis adaptée, aux règles de son sale jeu de sadisme, où peut être aussi, parce que au fond de moi, je savais qu’elle le faisait juste pour m’énerver, ou pour me voir souffrir quelques temps puis elle reviendrait me serrer dans les bras avec un grand sourire pour me dire, c’était juste pour tester si tu m’aimes ou pas.
Stupide comme pensée, mais c’était le cas de toute façon. Trois jours plus tard, j’étais avec mes deux potes à l’étoile du Nord, c’était vers 18h. Et elle était assise avec sa bande de loosers, autour de la même table. Comme un policier motivé, elle ne cessait de me surveiller. Puis comme elle me voyait rire et rigoler avec Cyrine et Nawras, elle se leva, et s’approcha de nous.
- Salut, les filles.
Cyrine, sirotant son jus, ne prit même la peine de la regarder. Nawras, quant à elle, qui fut en manque tout le temps, puisqu’elle n’a jamais eu de copine, traça un agréable sourire et dit.
- Salut, Amira, cava ?
Puis un coup de pied violent, la piétinant de la part de sa voisine, la calma et réussit même à la faire taire. Comme je fus l’unique à n’effectuer le moindre geste, elle inclina un peu son dos pour rencontrer mes yeux et dit en saisissant mon menton.
- Cava, Yasmine ?
En traçant un faux sourire, je murmurai.
- Oui, cava, merci !
Elle injecta Cyrine d’un mauvais regard et continua en baissant la voix.
- Lève-toi, il faut qu’on parle.
Cyrine, ne dit rien mais son regard si furieux m’ordonna de ne pas bouger.
- Qu’est ce que tu veux Amira ? dis-je, en m’efforçant de rester calme.
- Lève-toi et tu sauras qu’est ce que je veux.
En secouant mes épaules, je murmurai avec mon entêtement.
- Non, vas-y, devant mes amies.
En fait, je m’attendais à ce qu’elle me supplia encore davantage, comme peut être un dernier espoir pour me remonter la morale à la vue de mes potes. Mais, elle me lâcha le menton, et dit en reculant d’un pas.
- Ok, comme tu veux, ce n’est pas la peine !
Et rebroussa chemin vers ses potes. Énervée, Cyrine but de son verre de jus et s’écria.
- Quelle salope, comment tu arrives à la supporter ?
En sirotant le reste de mon jus, avec un petit bruit, je murmurai.
- Grâce à paracétamol et parfois doliprane.
Elle ria et dit pour me taquiner.
- Fais attention, je ne veux pas que tu sois une droguée de produits pharmaceutiques.
- Non, t’inquiète ! dis-je en riant, sans pouvoir contrôler mes yeux, qui me trahissaient en la cherchant.
Ce qu’on devient indigne lorsqu’on tombe amoureux. Même après ce qu’elle m’a fait au poste de police, un secret que j’ai gardé pour moi, sans le révéler à mes deux potes, je n’ai pu cesser de l’aimer. Elle était certainement sadique et je crois que moi de ma part j’étais maso.
C’est vrai que je souffrais beaucoup de son hostilité permanente, mais c’est en quelque sorte, ce qui pimentait notre relation. Très compliquée comme situation n’est ce pas ?
Voilà c’était tout ce qui m’occupait dans ma petite vie de lesbienne, mes hauts et bas avec ma copine hétéro jusqu’au jour où je fais la connaissance d’une fille magnifique, la fille, que tout le monde rêvait de sortir avec, le mythe.
La première fois que je l’ai vue c’était à l’étoile du nord. Elle était venue avec un mec, chauve et moustachu. C’était son meilleur ami, et avec qui elle trainait tout le temps, toutefois il n’était pas homo mais elle si. Une vraie lesbienne, (au début, comme tout lesbienne, elle cachait son identité sexuelle, mais après, elle n’avait plus aucune gêne de s’afficher en tant qu’homosexuelle fière de son mode de vie particulier) une féministe engagée, une journaliste connue et une blogueuse de poids, avec les débats épineux et tournant tous sur l’homosexualité en Tunisie.
C’était un mythe aux yeux des petites lesbiennes vulnérables et timides, une femme forte, qui a du caractère. Elle s’appelait Ines, et elle avait 27ans. Elle n’était pas très belle, mais super charmante. Elle avait du charme quand elle parlait, quand elle souriait et même du charme quand elle se mettait en colère.
Elle était tout simplement magnifique. Rien qu’en la regardant, bavarder, rire et fumer, ça me faisait un grand plaisir mais surtout calma la bête d’amour qui me torturait et qui ne cessait de bourdonner dans mes oreilles, me demandant de me lever demander le pardon d’Amira, comme si j’étais moi la fautive. Cette fille, involontairement, me donna la force, de résister à cet amour malsain qui m’affaiblissait.
Et c’était aussi la lesbienne la plus embêtée par les malades, qui se prenaient pour défendeurs de l’identité sexuelle, naturelle, à l’encontre des pervers, des vermines qui voulaient, selon eux, massacrer les bonnes meurs, enracinées par la religion.
Une fois l’un de ses ennemis, comme beaucoup de mecs le font, s’est fait passé pour une fille. Il allait même très loin dans son minable jeu, en demandant à une fille de l’appeler par téléphone et se montrer par caméra sur MSN, pour qu’elle commence à lui faire confiance.
Et osa même l’inviter pour boire un café. Le jour j, arriva, et la fille avec qui elle parla pendant des jours s’avéra le mec en question. Il faisait semblant d’être gentil, compréhensif, mais ne tarda pas à lui dire que l’homosexualité est interdite, voire prohibée et sévèrement punie, par Allah, ainsi que l’État, comme si elle l’ignorait. Et ajouta qu’il aimerait bien sortir avec elle.
Ines donc, resta très calme, très souriante. C’était l’une des histoires qu’elle racontait assidument à toute nouvelles amie, y compris moi. Ce jour là, elle partit, et la nuit lui envoya un texto, pour lui annoncer qu’elle acceptait son offre, avec une grande joie.
Le jour suivant, l’homme se trouvait au lieu où elle lui a demandé de l’attendre. Dans un parc à Tunis, mais ce n’était pas elle qui était venue, au rancard, mes deux mecs, deux voyous, qu’elle a engagé, pour lui casser la figure.
En deux mots, c’était la fille imbattable et la plus imprévisible. Une autre histoire qu’elle m’a racontée, était celle d’un ennemi virtuel, qui ne cessait de l’insulter et de lui dire des propos blessant sur son blog. Le pire, ce qu’il était tellement bête, à ne rien trouver pour argumenter sa haine envers les homosexuels que d’user les gros mots, qu’il tapait comme il respirait.
Il était son commentateur, numéro un, le seul, qui ne manquait le moindre de ses billets. Mais comme, il ne savait pas à qui il avait affaire, elle a mené sa propre recherche sur le type qui s’est avéré un jeune étudiant dans la faculté de la psychologie de Tunis : un type qui l’a payé cher, surtout qu’elle a découvert ses coordonnés, son nom et prénom, et s’était décidée à le scandaliser et à rendre sa vie pendant des semaines infernales, jusqu’au jour où il venait lui demander pardon devant tout le monde.
Mais l’histoire qui m’a marquée le plus mais surtout m’a fait le plus marrer, c’était celle que j’ai assistée de mes propres yeux, le premier jour où je l’ai vu à la cafétéria.
Elle était l’héroïne, avec Abdelmadjid de ce conte comique. Moi de ma part, j’avais un œil sur elle, et l’autre sur l’élue de mon cœur, qui faisait sa salope avec Hikmet, et Ines quant à elle, fumait une cigarette et parla à son meilleur ami, Bilel.
Et soudainement, l’entrée brusque à la façon d’un taureau dans une corrida, de Hana, attira l’attention de tout le monde à l’étoile du nord.
Les pleurs glissant partout de ses yeux, Hana lui attrapa la main agressivement et s’écria.
- Pourquoi tu m’as fait ça ?
Étonnée comme nous, Ines, ouvra grands les yeux et s’écria.
- Cava pas non ? lâche mon bras.
- Pas avant que tu me dises pourquoi tu ne m’as pas rappelé ! hurla Abdelmajid, folle de rage.
- Quoi ? et en écrasant sa cigarette dans le cendrier, cava Hana ?
- Non pas du tout ! continua Hana, en laissant des gouttelettes de salive sautant de ses lèvres, et asperger le pauvre Bilel sur la figure jusqu’au ce que le pauvre homme ne puisse ouvrir les yeux tellement, il fut victime d’une forte averse violente.
Intimidée plus par les regards, lui bornant de partout, Ines se mit debout, s’enveloppa très vite dans son blouson et quitta la cafétéria. Furieuse, Hana, la suivait en courant, mais elle n’était pas la seule à le faire. Les deux tiers des gens, se trouvant à la cafétéria, l’ont fait, en tête d’eux moi, mes deux potes et le groupe de loosers d’Amira. Qui n’aime pas assister à une bagarre de filles ?
À trois pas du portail de l’étoile du nord, Hana, dans un misérable état psychologique, l’arrêta en la tirant de son blouson cuir.
- Tu ne vas pas t’en sortir comme ça ma grande !
Serrant les dents de colère, ines hurla.
- Assez de scandale devant le monde entier, lâche mon blouson.
- Pourquoi tu ne veux pas sortir avec moi ? s’écria Hana, pleurant de plus en plus fort.
- Mais arrête putain, tu veux me faire la honte de ma vie ou quoi ?
Hana, comme s’en moquant de la vingtaine de personnes, assistants à la bagarre sur le trottoir, prés de feu rouge, poursuivait, d’une manière hystérique.
- Je t’aime Ines ! je suis folle de toi !
Cramoisie, Ines, tenta en vain de débarrasser le bras de fer d’Abdelmahid.
- T’es malade !
L’autre de plus en plus affolée et emportée par la vague de ses sentiments.
- S’il te plait Ines, donne-moi une chance, je t’aime.
Ne pouvant plus supporter le scandale en public, sa main se mit à trembler, puis d’un excès de colère, elle se leva et faisait une chute libre assourdissante sur la joue de Hana.
Une claque historique et mémorable, qui provoquait depuis ce jour là le rire à chaque fois qu’Abdelmadjid pénétra l’étoile du Nord.
Pendant le temps, que je suivais Ines s’éloignant en pressant le pas, et Hana, pleurant de plus en plus fort comme une gamine délaissée par sa mère, une main se posa audacieusement sur mes fesses. Honteuse, je tournai la tête, en croyant que c’était un mec, profitant de la foule, pour laisser sa main balader, à son aise. Mais à ma surprise, c’était Amira, qui me souriait et me ceintura de ses deux bras en me chuchotant à l’oreille.
- J’ai envie de toi !
Je fis tout un demi-tour, le cœur battant si fort à exploser et je me demandai frustrée.
- Pardon ?
Elle m’embrassa, exprès près de mes lèvres, pour m’allumer, puis continua en souriant.
- Tu m’as bien écouté. Puis en se dirigeant vers la voiture de son père qu’elle emprunte de temps à autre, tu viens ou pas ?

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