vendredi 25 mars 2011

Entre filles : épisode28:L'impasse

Publié par bella_ragatsa à 14:50 0 commentaires

Émettre des hypothèses, fut ma seule occupation ce soir-là. Assise sur mon lit, accroupie et serrant mon oreiller contre ma poitrine, mon cerveau ne cessait de tourner. Je n’avais pas de solution en tête, je me trouvais coincée dans une impasse, où je n’avais que deux alternatives :
1- Sortir avec elle.
2- Affronter mon père et assumer les conséquences de mon orientation sexuelle.
La première hypothèse fut rejetée dans ma tête. Il n’était pas question que je sorte avec Ibtissem. Pas maintenant, que Sahar commençait de s’intéresser à moi. Je ne sortirai pas avec une truie, je n’étais pas aussi désespérée. Non c’est non !
J’ai passé une nuit blanche à réfléchir en vain. Le matin, je me suis allée à l’appartement d’Amira. Je me disais que seule, cette salope, pouvait me sauver, puisque c’est elle qui m’a présentée sa cousine.
- Oui qu’est ce que tu veux ? dit-elle, les yeux presque fermés de sommeil.
- On dit bonjour avant.
- Je veux dormir, donc soit tu me dis qu’est ce que t’amènes chez moi, soit je ferme la porte.
En posant ma main contre la porte en colère.
- Ecoute, tu dois agir et faire comprendre à ta cousine de ne plus m’embêter ?
Là, elle ouvra un œil plus que l’autre et s’interrogea.
- Qu’est ce qu’elle a encore fait ?
- Elle veut que je sorte avec elle sinon elle dira à mon père que je suis homo ! criai-je furieuse.
En baillant et en enlevant ma main de sa porte.
- Sors avec elle donc !
Et sans attendre ma réaction, d’un geste rapide, tenta de fermer la porte. Mais je la poussais , et je pénétrai. Je ne sais pas d’où j’ai eu toute cette force tout d’un coup. Elle me regarda un bout de temps puis ferma la porte et se dirigea vers sa chambre, comme si je n’étais pas avec elle.
- Amira ne m’énerve pas !
Elle s’arrêta à l’entrée de sa chambre, et parla d’une voix basse.
- Écoute, c’est ton problème, ne me mêle pas à ça !
En m’arrêtant devant elle, et en la pointant de mon doigt :
- C’est ta cousine !
Elle traça un sourire persifleur, et murmura :
- Avoir un lien de parenté avec elle, ne signifie pas que je dois être mêlée dans vos affaires à deux ! et en baillant pour la deuxième fois, trouve toi une solution… sors avec elle. Sois désagréable, odieuse, elle aura vite marre de toi, et elle t’oubliera !
- Tout est simple pour toi ! je m’écriai en serrant les dents.
Elle me caressa la joue tendrement, puis m’embrassa longuement sur la bouche et dit :
- Ne te complique pas la vie Yasmine ! sors avec elle, t’a pas d’autres choix !
Puis me sourit agréablement et pénétra sa chambre en la fermant à clé. Je restai immobile un bout de temps puis en frappant à la porte.
- Ne t’as pas son num ?
Installée sur son lit, et d’une voix basse :
- Je ne sais pas, t’as que chercher sur le répertoire de mon cellulaire !
- Et il est où ton foutu de gsm ?
- Sur la table basse, t’as qu’ouvrir les yeux ! dit-elle en grommelant.
En le tenant entre mes mains, je tapais le nom Ibtissem, mais aucun résultat ne s’affiche.
- Hey, tu l’as enregistrée sous quel nom, putain !
Mais elle ne répondait pas là.
- Amira ! merde ! je te parle !
Et je passai un petit quart d’heure à frapper à la porte de sa chambre, sans qu’elle me parle ou me rouvre la porte.
- Et merde !
Au bout des nerfs, je passai presque un long moment à visualiser tous ses contacts, en espérant trouver le numéro de sa cousine, mais à ma surprise je trouvai le numéro de Sahar. C’était un choc pour moi. Et beaucoup de questions passaient dans ma tête. Ça m’intriguait de savoir la nature de relation qui existait entre les deux filles. Et surtout pour quelle raison elle l’a enregistrée étant donné qu’elles ne se connaissaient presque pas.
En descendant un peu plus dans le répertoire, je tombai sur un contact qu’elle a surnommé petit cœur, qui n’était que mon numéro.
Ça m’a vraiment épatée, de me trouver le seul contact, avec un surnom aussi adorable. Tous les autres étaient affichés avec le nom et prénom soit avec un surnom débile. Et ça m’a poussé à m’interroger, encore et encore, si elle avait encore des sentiments pour moi, qu’elle essayait de cacher.
J’ai eu comme un petit pincement au cœur, comme une petite lueur d’espoir qu’elle a eu un jour un faible pour moi. Mais pourquoi tous ces questionnements ? J’avais une nouvelle fille en tête, et ce ne n’est pas le temps de faire marche arrière pas maintenant que j’ai réussi à l’enlever carrément ou presque de ma tête.
Et donc sans trop m’attarder à hésiter entre taper à sa porte pour le numéro de sa cousine ou continuer à me déchirer intérieurement entre l’envie de savoir si elle a encore des sentiments pour moi ou pas, je déposai doucement son GSM sur la table basse et je sortis de son appartement.
A vrai dire, je ne savais pas quoi faire. Je n’avais aucune idée de ce que le destin me préparait comme paquet de surprises. Et je ne voulais pas non plus continuer à penser parce que ça commençait vraiment à m’empoisonner la vie.
Et voilà, à midi, je me trouvais à l’intérieur de l’espace culturel l’étoile du Nord. Accompagnée d’un verre de jus frais, je suivais passivement et désintéressée des yeux, un groupe de techniciens préparant la salle de spectacle pour un prochain concert musical jusqu’à ce qu’un petit bip me réveille de mon pseudo méditation.
C’était Sahar. Un sourire spontané trouva son chemin sur mes lèvres. Et au moment, où je tenais mon gsm avec l’intention de l’appeler. Je la voyais me faire un signe avec la main, en venant vers moi.
Je me levais et on échangeait deux bises .elle prit une chaise et s’asseyait en croisant les jambes.
-alors qu’est ce que tu fais ici toute seule ? En traçant un agréable sourire sur ses lèvres. Tu attends quelqu’un ?
- non, je ne sais pas comment je me suis trouvée à l’avenue Habib Bourguiba, et du coup j’ai eu l’idée de boire un jus dans un endroit assez tranquille et isolé comme le sien.
Il y a eu un petit silence. Un homme venait de poser sur le plateau un grand baffle puis s’en alla. Elle le suivait un peu avec le regard puis lui sourit et tourna la tête vers moi une autre fois.
- Tu le connais ? dis-je curieuse.
- Oui, c’est un pote à moi… je suis venue avec lui, il y aura un petit concert d’un jeune groupe de rock vers 18h. ça serait intéressant d’écouter un groupe tunisien de rockeurs.
Comme si j’avais le désespoir du monde entier, le cœur coupé, je balbutiai.
- Oui…t’as raison ?
Sentant que je n’allais pas bien, elle mit sa main sur la mienne et dit en me la caressant, d’une voix inquiète.
- Qu’est ce qui se passe Yasmine ? tu n’as pas l’air d’aller bien ?
- Non, cava ! dis-je en dessinant un faux sourire.
En fait, je ne savais pas si je devrai lui dire dans une crise d’étouffement ce qui m’angoissait ou garder le tout pour moi. J’étais plutôt emportée par la peur de la perdre si elle découvre qu’une nouvelle fille venait de se mettre entre elle et moi. Et finalement, je n’ai rien proférée. Interrompue avant même de remuer mes lèvres, par la voix de Abdelmajid, qui pénétrait la cafétéria avec deux filles aussi masculines qu’elle.
- Hey, regardez qui est là ?
En baissant la tête et en mordant la lèvre inférieure d’énervement.
- Qu’est ce qui l’amène cette conne !
Elle s’approcha de moi avec ses deux copines et en déposant sa lourde main sur mon épaule, elle continua de sa voix grave.
- Tu ne nous présente pas ta copine ?
En faisant semblant de sourire, je ricanai.
- Tu connais Sahar, quand même, ce passage par les présentations est inutile à mes yeux.
Elle prit une chaise d’une autre table et la colla à la mienne en s’asseyant.
- Je ne parle pas de Sahar.
- De qui alors ? dis-je aussi étonnée que Sahar.
Abdelmajid, me regarda avec malice et me dit en me tapant l’épaule.
- Voyons, la cousine d’Amira.
- Quoi ? criai-je la face pale.
Elle éclata de rire et continua.
- Le monde est si petite ma chère, eh ! et grâce à Facebook, rien ne peut se cacher.
Bleue de colère, Sahar, serra ses mains et m’interrogea en tremblant de voix.
- Tu m’avais dit que tu n’avais personne. Je ne suis pas aussi désespérée que ça Yasmine...
Ne savant plus si je devrai me défendre ou me renseigner auprès de Hana, je m’écriai comme une folle.
- Mais d’où t’as eu cette information ?
Un peu stupéfaite, Hana, me regarda bizarrement et dit.
- Tu n’as pas ouvert ton compte Facebook hier soir ?
Et comme je ne disais rien, elle continua.
- Amira était en train de féliciter sa cousine sur son mur et j’ai lu toute la conversation. J’étais stupéfaite, vraiment de savoir que sa cousine sortait avec une fille parce qu’il y a quelques semaines, je l’ai vue avec un jeune garçon aussi gros qu’elle à une cafétéria de l’avenue et je croyais qu’elle était hétéro.
- La salope ! dis-je, les yeux brulant de colère.
Et Sahar, se mettait debout, et traça un sourire furieux en me disant.
- Tu me déçois vraiment.
Là, j’ouvris grand les yeux, et je sautais de mon lit complètement effarouchée. Le cœur battant si vite, j’avalais ma salive avec difficulté puis quand je me suis aperçue qu’il ne s’agissait que d’un mauvais rêve, je me suis allongée de nouveau sur mon lit, tranquille cette fois-ci en regardant le plafond. Après un bref moment où je ne faisais que prendre mon souffle tellement j’avais stressé, je saisissais mon gsm où je trouvais 7 appels en absence tous en provenance de mon papa avec ce message de sa part envoyé tôt ce matin.
« Je passerai te voir l’après midi. Il faut qu’on parle ». Et cette fois-ci, une chose m’était certaine, ce qu’il ne s’agissait pas d’un cauchemar.
 

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