dimanche 4 décembre 2011

Entre filles: épisode31:la fille de la faculté

Publié par bella_ragatsa à 05:50 0 commentaires

J’ai regretté beaucoup de choses dans ma vie. J’ai regretté mes folies passagères, mes relations louches avec des filles disjonctées, mes fréquentations lesbiennes à la con qui n’ont jamais fructifié par contre, elles ne m’ont apporté que malheur et divers problèmes.
Et pour cause, j’ai décidé de prendre une pause et de me concentrer sur mes études. Être étudiante en médecine, n’était pas chose facile. Et si je vous parlais pas de mon quotidien à la faculté c’est parce que je n’estimais pas que ça valait la peine d’être raconté. Il y avait rien d’intéressant bien sûr coté « team ». Il n’y avait pas beaucoup de jolies filles. Disons que les jolies filles étaient une monnaie rare chez nous. Et avec toute modestie, j’étais classée parmi les plus belles de la faculté, enfin, de ceux qui assistent aux cours.
Et je sympathisais avec quelques garçons. J’avais bien évidemment des amoureux discrets. Enfin, moi je savais très bien qu’ils étaient amoureux de moi mais eux non et je faisais comme si je ne ressentais rien.
Parmi mes victimes, il y avait Lotfi, un mec longiligne, un tunisois de la banlieue nord, de bonne famille. Disons, un peu beau gosse mais avec une peau très mate, plus âgé que moi, mais il refaisait l’année.
Et franchement, il faisait de la concurrence à mon ombre tellement, il était collant, mais c’était un type bien malgré qu’il fût lourd et qu’il avait de l’humour noir.
En tout cas deux semaines après la fête qui a fini mal, et en sortant vers midi du laboratoire de génétique, il sauta devant moi comme par hasard. Mais ce n’était pas bien sûr l’effet du hasard.
- Bonjour Yasmine !
En le devançant d’un pas, je répondis sans vraiment le regarder.
- Salut Lotfi, cava.
Il pressa le pas, pour suivre mon rythme et disait.
- Dis, t’es libre samedi ?
- Pourquoi faire ?
Il croisa les mains et dit après hésitation.
- Il y a une soirée spéciale à ButterFly et j’aimerai bien que tu sois ma cavalière.
Sans montrer aucun signe d’excitation, je murmurai en serrant un livre que j’ai emprunté de la bibliothèque.
- J’ai beaucoup de révision à faire, faut que je me rattrape, j’ai perdu beaucoup de temps.
Et avec un faux sourire.
- Merci quand même !
Comme il ne proféra pas le moindre mot, je continuais ma route avec une certaine fierté comme si je venais de gagner une bataille. Mais ces dernières paroles m’arrêteront sur place.
- Ibrahim, avait raison, quand il m’a dit que tu préférais la compagnie des filles en boite.
Je fis demi-tour sur place, et je me demandais.
- C’est qui celui là ?
- C’est le cousin du gérant de cette boite et on a étudié dans la même section l’année dernière.
Et en allumant une cigarette.
- Il t’a vu plusieurs fois là-bas, avec une bande de filles trop libertines pour ne pas dire autre chose.
Et voilà, même à la faculté la malédiction Amira et compagnie me suivait. Comme je ne savais pas quoi dire, j’ai dit pour écarter les soupçons.
- Écoute, j’en ai marre des boites. J’aimerai mieux assister à un événement culturel ou à un concert d’un groupe musical respectable !
Il traça un large sourire sur son visage et s’écria joyeux.
- Tant mieux, moi aussi je n’aime pas l’ambiance des boites. Et je vous invite à découvrir la richesse et la beauté d’un mélange de la rumba gitane, du flamenco, du gnawa, du chaabi et des musiques traditionnelles de l'Afrique du nord, joué par le groupe Labess. Tu connais le groupe non ?
En avalant ma salive, je murmurai doucement.
- Oui j’adore leur morceau Dawina.
Il s’approcha de moi me pinça doucement la joue et dit très excité.
- D’accord alors, moi je m’occupe de l’achat de tickets, toi je ne te demande rien sauf de te faire belle.
Et en riant.
- Mais t’es superbe comme ça même sans maquillage.
Puis m’embrassa la joue et partit.
Le jour j arrivé, j’étais pas vraiment bien habillée comme il le voulait. Enfin, un peu sportive mais il m’a trouvé splendide et il a loué une voiture pour l’occasion. Il me traitait vraiment comme une princesse. Le concert, était à la coupole d’El Menzah.
C’était vers 17h30, une demi-heure avant le commencement du spectacle, et il y avait déjà beaucoup de monde dehors faisant la queue. La plupart étaient des jeunes.
Et à ma surprise, j’ai vu beaucoup de filles de la « team » là-bas, attendant leur tour pour entrer. Ça m’a gêné un peu vu que quelques unes, me connaissaient bien et qu’elles n’étaient pas discrètes, mais surtout fières de leur homosexualité et s’affichaient en public.
Heureusement pour moi, aucune n’est venue m’aborder comme j’étais avec un groupe de mecs : Lotfi, et trois de ses potes.
Dix minutes avant le début du concert, une fille jolie mais très charmante avec des yeux d’un vert pistache et d’une peau blanche, s’est approchée de nous. Et a sauté au cou de Lotfi, l’a embrassé fortement à la joue et a dit.
- Hey, ça fait un bail que je t’ai pas vu.
Il échangea deux bises avec elle et répondit.
- Et oui, le beau vieux temps.
Elle ria et continua.
- Dommage qu’on est plus dans la même section.
Comme il remarquait que je fus complètement décalée. Il sourit et me présenta la fille.
- C’est Maryouma, on était dans la même section l’année dernière. Et en lançant un rire imbécile, mais elle a réussi l’année et moi non.
La fille, au regard mystérieux que je n’ai pas su décrypter, murmura d’une voix capricieuse.
- Alors c’est ta copine ?
Comme je lisais dans ses yeux, qu’il allait dire oui, je parlais en premier.
- En fait, on est amis.
Elle souriait, me regarda droit dans les yeux longtemps, puis dit.
- Mais en tout cas vous formez un joli couple.
Un peu timide, Lotfi, me serra contre lui et s’écria.
- Oui, pourquoi pas ! et en me lançant un regard doux, si ma princesse le veut bien sûr !
Comme si on était des bonnes copines, elle m’attrapa par le bras et me disait.
- Allez, entrons, sinon rien ne nous garantira qu’on ne restera pas debout ces deux ou trois heures.
Ça me paraissait bizarre, qu’elle me tienne le bras alors qu’on venait de faire connaissance, mais je me disais que peut être elle était câline par nature.
Une fois à l’intérieur, elle me laissait encore perplexe, on s’asseyant au milieu entre moi et mon pote.
Elle ne cessait pas de me jeter des petits regards. Et moi j’étais plutôt concentrée avec le concert. L’ambiance était globalement sympa. Des projecteurs éclairaient à travers les volutes des fumigènes. Les applaudissements et les siffles s’emballaient rapidement avec l’arrivée du groupe sur scène. Une très bonne prestation, la première heure, et puis dans une petite pause, elle tourna la tête vers moi et me murmura à l’oreille.
- Je ne t’ai pas vu avant à la faculté. Tu ne viens pas assez souvent ?
Je souris et je disais en haussant la voix puisque tout le monde parlait en même temps.
- Oui, j’avais quelques problèmes.
- Et tout va bien maintenant ?
- Oui, oui.
Elle redressait sa crinière de lionne d’une manière très sensuelle comme pour me séduire et continua.
- Si t’as besoin d’un cours ou autre, tu peux me le demander.
- Oh ! merci…
Mais elle me coupa la parole et continua.
- Enregistre mon numéro.
J’hésitais un moment puis je sortis mon gsm de mon sac à main et je tapais son num. Elle me suivait attentivement comme si elle craignait que je ne le fasse pas.
- Très bien, maintenant bipe moi !
Je traçais un petit sourire, et je la bipai.
Elle semblait heureuse, comme si elle a gagné au loto puis le groupe reprend son show et on perdit le fil de la conversation.
Ce fut une belle journée en tout cas. J’ai changé un peu d’ambiance et surtout passée une agréable après-midi avec une bande d’hétéros quoi que cette fille m’intriguait beaucoup mais elle ne cessait pas de me parler à notre sortie des mecs et de son type d’homme, de son ex et des raisons de leur rupture c’est pour ça j’ai écarté de ma tête la possibilité qu’elle peut être homosexuelle.
Et Lotfi, comme un gentleman, ma déposé juste devant l’immeuble où j’habitais et a continué sa route avec Maryem, puisqu’elle habitait la Marsa comme lui.
Vers 23h, j’étais en pyjama, bien au chaud dans mon lit sous la couette, en train de réviser un cours d’anatomie, quand j’ai reçu un message. Et en voyant l'expéditeur, j’étais un peu surprise. C’était Maryem, me demandant si elle pouvait m’appeler.
J’ai lui ai envoyé un texto pour dire ok, et une minute plus tard, elle m’appela.
- Hey, salut.
- Salut ! je murmurai d’une voix un peu fatiguée.
Elle ria, et continua.
- Je te gène pas j’espère.
- Non pas du tout. Et en frottant mon front, je suis un peu fatiguée.
Et là, d’un ton culotté, elle me disait.
- Je suis une bonne masseuse ! si tu veux je te le fais gratos.
Naïvement, je répondis.
- Oui, pourquoi pas.
Elle se tut un petit instant et continua.
- Tu sais, t’as une belle voix par tél.
- Merci toi aussi.
En fait, j’aimais beaucoup les amusements par téléphone avec les filles mais elle est allée un peu trop loin avec moi.
- Je suis sérieuse, Yasmine, je sais très bien le faire. Puis se demanda, dis, tu habites seule ou t’as des binômes ?
En croisant mes jambes.
- Ben, depuis quelques mois, j’habite seule.
- Cool ! s’écria-t-elle
J’étais étonnée, alors je l’interrogeais.
- Pourquoi c’est cool ? je me sens seule, comme si j’étais en prison à l’isolement.
Elle ria et dit d’une voix très capricieuse.
- Tu ne seras plus seule ma douce ! je suis là moi.
Comme je ne disais rien, elle ajouta.
- Je suis prête à tout avec toi !
- Je … je n’ai pas compris ce que tu insinues Maryem.
Elle ria encore plus fort et dit.
- Oh que si !
Puis la phrase qui me laissa bouche bée.
- Je suis bonne au lit!

lundi 14 novembre 2011

Entre filles:épisode30 : Une nuit interminable

Publié par bella_ragatsa à 04:25 0 commentaires



Les yeux tout rouges d’ivresse, Nesrine s’écria.
- Tu peux te taire, et te laisser faire ?
Quelle gentillesse émanant d’une si belle créature, me dis-je dans un excès d’étonnement.
Amira, qui dansait en collant tout son corps à une autre, semblait plus intéressée par les câlins que j’échangeais avec Nesrine qu’avec sa partenaire. Dès que Nesrine, m’embrassa de nouveau. Elle ria et s’approcha de nous.
- Hey, si vous voulez faire l’amour, allez chez vous !
Nesrine, ne la répondait pas verbalement mais par un petit doigt d’honneur, sans s’éloigner de moi. Quant à moi, tellement ivre, je me laissais faire sur place sans résistance.
Amira, s’arrêta devant nous et continua.
- C’est une soirée de désespérées pas de baise !
Nesrine, m’arracha un autre baiser, puis tourna la tête vers Amira, et cria de sa voix capricieuse.
- T’es jalouse ou quoi ?
Comme si une mouche l’a piquée, sa frimousse changea de couleur, et elle recula d’un pas en disant.
- Moi jalouse ? de qui ? de toi ou de ma pétasse ?
Quand elle voyait, que tous les regards lui fixaient, elle continua.
- Tu parles sérieusement là ?
Ilhem, qui venait de tirer la chasse et d’ouvrir la porte de toilette, intervint :
- Hey, du calme les filles !
Amira, énervante comme d’habitude, badina.
- Tu faisais pipi ou tu entendais la conversation.
- Les deux ! murmura Ilhem en riant. Je n’arrête pas de pisser depuis tout à l’heure.
Amira, éclata de rire et continua en injectant Nesrine d’un regard désagréable.
- C’est à cause de la bière ! puis en tirant Ilhem par la main, viens j’ai quelque chose à te dire.
Et elle s’éloigna. Je regardais l’horloge qui indiquait 23h et je disais.
- Bon, il faut que je m’en aille.
Elle me tint la main, et dit.
- Il est encore tôt ! puis d’un regard malin, ne me dis pas que Amira t’as déstabilisé ?
- Mais non ! criai-je un peu perturbée. Mais… mais je dois aller à la faculté demain matin.
Froidement, elle alluma une cigarette et dit, sans me lâcher de ses yeux :
- Chérie c’est dimanche demain !
- Ah bon !
Elle souriait en tenant le bout de cigarette entre ses doigts.
- Tu l’aimes encore ?
- Qui ?
- Voyons Amira !
- Mais non ! dis-je violemment, et en me levant, bon je te laisse. A demain peut être !
Et je tenais mon sac à main, mais dès que je levais la face, mon regard croisa celui de Sahar en train d’échanger une bise avec Amira, l’organisatrice de cette fête débile.
Et doucement, mes doigts laissèrent le sac, et ma frimousse devint rouge. Nesrine, inhalant de la fumée de ses narines et suivant attentivement le moindre de mes gestes, murmura.
- Il ne manque plus que cette imbécile !
- Oh arrête ! ne dis pas ça sur elle ! criai-je sur les nerfs.
Puis sans attendre la réaction de Nesrine, je me levai si vite et je m’approchai de Sahar, qui a préféré boire la bière de bienvenue prés de la porte d’entrée.
- Bonsoir, Sahar !
Elle leva les yeux à peine vers moi et dit froidement.
- Bonsoir, cava ?
- Oui et toi ?
Mais comme elle regardait dans tous les coins sauf vers le mien, ça me rendait un peu nerveuse voire jalouse et je disais d’une voix aigüe.
- Tu cherches quelqu’un ?
En suivant Nesrine, qui ouvrit une nouvelle bière, elle disait d’une voix basse comme si elle parlait à elle-même.
- Vous vous entendez bien, vous deux ?
- Qui ? et en appréhendant son insinuation, non ce n’est pas ce que tu crois !
Toujours le regard songeur, elle continua
- Pourtant ce n’est pas ce que Amira m’a fait comprendre.
Emportée par la braise d’une colère immense, je criai.
- Qu’est ce qu’elle t’a raconté cette salope ?
- Rien, de nouveau ! et en fixant finalement ses yeux sur moi, tout le monde en parle de vous deux.
- De moi et qui ? et en m’efforçant de rire, moi et Nes ? mais tu rigoles ou quoi ?
Et en tenant son bras
- Tout le monde sait que c’est une fille qui ne cherche qu’à baiser c’est tout !
- Mais ça n’empêche que t’as des sentiments pour elle.
En m’emportant
- Mais ce n’est pas vrai, je te jure, ma chérie !
Furibonde, elle se débarrassa d’un geste violent de ma main et s’écria.
- Je ne suis pas ta chérie, ok !
Et d’une voix qui tremblait de l’émotion.
- Je croyais que t’étais différente des autres filles, mais finalement…
Elle se tut un instant comme pour intérioriser sa colère puis balbutia
- Mais t’es pire !
Et là, Amira s’approcha de nous deux mais accompagnée d’une personne, qui me figea sur place dés que je la voyais.
- Bonsoir Yasmine ! ça fait un bail, tu sais !
C’était Ibtissem, la cousine d’Amira qui m’a fait un chantage dans une crise de psychose en plein rue, il y a une dizaine de jours.
Elle ria haut, montrant ses dents blanches, entre le sang pur de ses lèvres et continua d’un air persifleur.
- Qu’est ce que t’as ? pourquoi tu fais cette tête de mort hhhhh
Amira, comme ayant du plaisir à me voir si pâle et angoissée, interpella.
- N’aie pas peur ma chérie ! elle m’a tout raconté et elle est venue s’excuser ! et en me tapotant sur l’épaule, elle est jeune, elle s’est emportée l’autre jour, et puis ce n’est pas une lesbienne mais elle croyait que tu lui faisais des avances c’est pour ça elle s’est comportée de la sorte !
N’arrivant même pas à ingurgiter ma salive, les mains, tremblant de colère, je criai, la gorge serrée
- Pourquoi tu me fais ça Amira ?
Elle ria comme si elle était étonnée et me répondit.
- Pardon, c’est moi la fautive maintenant ?
En lui coupant la parole violemment.
- Tu ne fais que me créer des problèmes depuis notre rupture…
Ibtissam, s’approcha de moi et en pointant son doigt vers moi.
- Hey, laisse ma cousine en dehors de ça, ce n’est pas sa faute à elle, c’est toi qui es dragueuse.
- Quoi ? moi dragueuse ? et avec un petit rire nerveux involontaire, et tu penses que je te draguerai toi ?
Je ne voulais pas être méchante avec elle. C’était la première fois, où je parlai d’un ton pareil mais je me sentais tellement opprimée et mal comprise que je ne pouvais plus déployer la carte de gentillesse.
Sa face changeait de couleur, ses yeux devenaient si rouges comme si des larmes s’apprêtaient à se manifester. Amira, ne prononça pas le moindre mot, elle me regarda de travers, avec des yeux si indifférents et froids quant à Sahar, la seule fille qui m’intéressait, elle vida le restant de sa bière d’une seule gorgée, mit la canette dans la main d’Amira et dit en traçant un faux sourire.
- Je crois que la fête est finie pour moi.
Puis ouvrit la porte et sortit, alors je la suivais avant qu’elle prenne l’ascenseur en criant.
- Sahar, attends, on n’a pas terminé notre conversation.
Elle appuya sur le bouton d’appel de l’ascenseur puis en tournant la tête vers moi.
- T’es vraiment pathétique !
Puis la porte s’ouvrit et la cabine l’avala si vite.

vendredi 1 juillet 2011

Entre filles:épisode29: Un kg de bananes qui pèse lourd

Publié par bella_ragatsa à 07:45 0 commentaires

Mes yeux clignotaient. Mon cerveau bouillonnait tellement des milliers de scénarios traversaient mon esprit. La seule chose qui ne bougeait pas était mon corps. En fait, le dos collé sur mon matelas, les yeux fixés sur le plafond, je suivais une petite mouche, se heurtant les quatre coins du plafond, comme une ivrogne. Et voilà qu’un appel téléphonique vint perturber mon équilibre, et un nouveau jeu de rôle s’organise. Cette fois-ci, mon corps sursautait tout entier, et mon cerveau se bloque, mon cœur aussi d’ailleurs, comme dépourvu d’oxygène.
- Allo, oui papa !
Au bout du fil, il murmurait.
- Je suis arrivé, ouvre moi la porte !
Avalant avec difficulté ma salive, je me mis debout et j’ouvris la porte. Tout d’abord, je ne voyais personne puis la porte de l’ascenseur s’ouvrit et mon père costumé, portant un sachet, dans la main gauche, s’approcha de moi. On échangea deux bises, et il pénétrait l’appartement.
En fait, passivement, j’attendais qu’il parlait en premier lieu, pour pouvoir me situer, en défense ou en offense.
Comme découvrant l’endroit pour la première fois, il déposait tout doucement le sachet noir sur ma table basse, et dit en sympathisant.
- Je t’ai apporté un kg de bananes avec moi, je sais que tu l’aimes !
Bon commencement, je me disais au fond de moi-même. En fait, mon père n’avait pas l’habitude d’acheter des cadeaux ou n’importe quelle chose sans qu’on le lui demande et s’il le faisait rarement de plein gré, ce qu’il cachait quelque chose de lourd, qu’il aimait dévoiler.
Je souriais, en croisant les bras nerveusement, imaginant le pire.
- Merci, Pa.
Il frottait son front, hésita un moment entre s’asseoir ou pas. En fait, il s’inclinait un moment puis renonçait et resta debout finalement.
- Tout va bien, ma chérie !
- Oui cava ! dis-je, le cœur battant fort.
Il s’approcha de la fenêtre, jeta un coup d’œil à travers, puis revint à la conversation :
- L’argent que je t’envoie te suffit ou pas ?
La face pâle du suspens qu’il m’infligeait, je m’approche de lui, et je décidais de passer à l’attaque.
- Papa, tu me disais que tu voulais qu’on parle !
Nerveux, plus que moi, il bégayait.
- Ah, oui !
Ses lèvres, paraissaient lourde de paroles qu’il n’osait pas proférer, comme ayant besoin d’une aide pour se lancer.
- Vas-y !dis-je en prendre une position de force.
Le regard un peu troublé, il se prononçait finalement.
- Voilà, j’ai décidé de refaire ma vie !
A vrai dire. Je n’étais pas choquée, j’étais surprise plutôt, surtout que mon père avait juré de ne plus s’engager dans une relation avec une autre femme tellement selon lui, ma mère, lui a fait subi un vrai enfer. C’est ce qu’il disait tout le temps à ses copains lorsqu’ils venaient chez nous.
- tu veux te marier ?
Comme, il ne remarqua pas de signe de colère sur ma frimousse, il souriait et parla avec aise.
- Oui, si Dieu le veut bien sûr !
Dieu ne veut rien mais c’est toi qui le veux père je me dis à moi-même et d’une voix entendue et curieuse.
- Euh, je ne sais pas ce que dois dire !
Il s’approcha encore de moi d’un pas et dit.
- Ne t’es pas contre le principe ?
- C’est ta vie père !
Et notre conversation un peu tendu, prit une pause lorsque mon gsm sonne. C’était en fait, Amira. Je m’éloignais un peu de lui et je décrochai.
- Oui !
- Salut ma salope !
Elle le criait si haut que je me perturbais et que je me dirigeai vers ma chambre.
- Tu ne peux parler plus haut ? dis-je en colère.
Elle riait, et dit.
- Je m’entraine, je veux devenir cantatrice !
- C’est très drôle !
Elle riait pour m’énerver davantage et dit.
- En fait, je fais une soirée de soulards ce soir ! et j’invite tous les âmes déprimées et sans espoir à participer à cet événement de loosers !
La frimousse, rouge de colère je criai.
- Amira ! va te faire !
Et je raccrochai puis je sortis de ma chambre et je ne trouvais pas mon Papa dans le salon. Je le cherchai partout et après cinq minutes de fouille, je constatai qu’il est parti.
Puis en tournant la tête vers la table basse j’aperçus un bout de papier sous le sachet de bananes.
En le tenant par la main, je lisais le petit mot laissé par mon père.
« Je me marierai avec Molka Chtourou. Je n’ai pas osé te le dire directement mais je l’aime et j’espère que tu me comprendras »
Figée sur place, ma main lâche le bout de papier, qui survolait quelques secondes avant de finir sur le tapis. Épatée, extrêmement suffoquée, je ne me réveillais à moitié de mon état de forte émotion, qu’à partir de la 5ème bière.
Assise, sur le canapé, chez Amira, demandant une autre bière, n’ayant que le goût fort de la bière mélangée à l’amertume que je supportais. Elle me donna la 6ème et s’assit près de moi en rigolant.
- Hey, j’ai dit une soirée de soulards, mais pas de soulards ruinés, j’ai bien insisté que chacun apporte avec lui ce qu’il va consommer !
Puis comme, elle remarquait la tristesse dans mon regard, elle continuait doucement.
- Bon, puisque t’as l’air hyper déprimée, t’as gagné le prix de loosers et donc tu consommes gratuitement de l’alcool !
Puis m’embrassa sur mon front, et se leva pour danser quand elle écoutait une chanson qu’elle aimait.
Ouvrant la canette, je suivais quelques filles dansant avec elle, puis je vidai la moitié de la bière d’un seul coup.
Nesrine, le dos collé à la porte de l’appartement, tenant un verre de vin blanc, me suivait du regard, puis vint vers moi.
- Salut, Yasmine, cava ?
En m’arrêtant du regard au niveau de sa poitrine, tellement j’avais la tête lourde, je murmurai.
- Salut, Nes, non, je ne me sens pas bien !
Elle s’assit prés de moi, jouait un petit moment avec mes cheveux puis dit.
- Oui je l’ai bien constaté !
Et voulant me remonter le moral, à sa manière.
- Si t’es en manque et que t’es déprimée de ça, je peux t’offrir mon corps, tu vois j’ai un grand cœur.
Ensorcelée, par sa beauté extérieure, et dégoutée en même temps par sa superficialité et laideur intérieure, je prononçais en la dévorant de mes yeux.
- Merci, Nes, mais je ne fais l’amour que par amour !
Elle riait d’une voix basse un petit moment puis en buvant un peu de son verre.
- Je t’assure que baiser sans amour est plus délicieux !
- Pourquoi ? dis-je, sans la perdre du regard, tellement sa présence et le parfum qui émanait d’elle, me laissait sous son charme charnel.
En déposant sa main droite sur ma cuisse gauche puis en la remontant encore plus audacieusement, elle me murmurait à l’oreille.
- Par ce qu’on ne regrette rien par la suite !
Je souriais, et en mettant ma main aussi sur sa cuisse je continuai, absorbée par son jeu de séduction.
- Mais tu ne fais jamais l’amour avec une même fille deux fois, à ma connaissance !
Elle me caressait le bras, puis dit, de sa belle voix.
- Mais on n’a pas fait l’amour ensemble l’autre jour ! c’était de l’initiation !
Les yeux rouges d’ivresse et de tristesse, je lui demandé :
- Et c’est quoi l’amour pour toi ?
- C’est faire tout !

et en m’embrassant l’oreille, ce qui me fait frissonner tout de suite, et m’allumait instantanément.
- Tu me feras tout alors ?
Elle approcha sa tête de la mienne et nos respirations se croisent.
- Tu n’auras que du bon temps avec moi, crois-moi !
Je caressais sa peau douce, un moment puis je balbutiai.
- Merci, pour l’offre, mais….
Sans me laisser terminer ma phrase, elle sauta sur moi et m’arracha un long baiser, puis en ouvrant ses yeux, plein de désir.
- J’ai envie de toi, Yasmine !
Et perdant le contrôle de ses mains, elle se permettait de me caresser le ventre puis, de toucher mon sein gauche, mais là, j’attrapais sa main, et je criai les yeux gonflés de pleurs.
- Moi j’ai envie de tuer Molka Chtourou !
En ouvrant un œil plus que l’autre de surprise elle s’écria.
- C’est qui celle-là ?
En serrant les dents, très fort, de colère, je criai.
- Mon amie intime, une amie d’enfance qui était à certains moments de ma vie plus qu’une amie pour moi !

vendredi 25 mars 2011

Entre filles : épisode28:L'impasse

Publié par bella_ragatsa à 14:50 0 commentaires

Émettre des hypothèses, fut ma seule occupation ce soir-là. Assise sur mon lit, accroupie et serrant mon oreiller contre ma poitrine, mon cerveau ne cessait de tourner. Je n’avais pas de solution en tête, je me trouvais coincée dans une impasse, où je n’avais que deux alternatives :
1- Sortir avec elle.
2- Affronter mon père et assumer les conséquences de mon orientation sexuelle.
La première hypothèse fut rejetée dans ma tête. Il n’était pas question que je sorte avec Ibtissem. Pas maintenant, que Sahar commençait de s’intéresser à moi. Je ne sortirai pas avec une truie, je n’étais pas aussi désespérée. Non c’est non !
J’ai passé une nuit blanche à réfléchir en vain. Le matin, je me suis allée à l’appartement d’Amira. Je me disais que seule, cette salope, pouvait me sauver, puisque c’est elle qui m’a présentée sa cousine.
- Oui qu’est ce que tu veux ? dit-elle, les yeux presque fermés de sommeil.
- On dit bonjour avant.
- Je veux dormir, donc soit tu me dis qu’est ce que t’amènes chez moi, soit je ferme la porte.
En posant ma main contre la porte en colère.
- Ecoute, tu dois agir et faire comprendre à ta cousine de ne plus m’embêter ?
Là, elle ouvra un œil plus que l’autre et s’interrogea.
- Qu’est ce qu’elle a encore fait ?
- Elle veut que je sorte avec elle sinon elle dira à mon père que je suis homo ! criai-je furieuse.
En baillant et en enlevant ma main de sa porte.
- Sors avec elle donc !
Et sans attendre ma réaction, d’un geste rapide, tenta de fermer la porte. Mais je la poussais , et je pénétrai. Je ne sais pas d’où j’ai eu toute cette force tout d’un coup. Elle me regarda un bout de temps puis ferma la porte et se dirigea vers sa chambre, comme si je n’étais pas avec elle.
- Amira ne m’énerve pas !
Elle s’arrêta à l’entrée de sa chambre, et parla d’une voix basse.
- Écoute, c’est ton problème, ne me mêle pas à ça !
En m’arrêtant devant elle, et en la pointant de mon doigt :
- C’est ta cousine !
Elle traça un sourire persifleur, et murmura :
- Avoir un lien de parenté avec elle, ne signifie pas que je dois être mêlée dans vos affaires à deux ! et en baillant pour la deuxième fois, trouve toi une solution… sors avec elle. Sois désagréable, odieuse, elle aura vite marre de toi, et elle t’oubliera !
- Tout est simple pour toi ! je m’écriai en serrant les dents.
Elle me caressa la joue tendrement, puis m’embrassa longuement sur la bouche et dit :
- Ne te complique pas la vie Yasmine ! sors avec elle, t’a pas d’autres choix !
Puis me sourit agréablement et pénétra sa chambre en la fermant à clé. Je restai immobile un bout de temps puis en frappant à la porte.
- Ne t’as pas son num ?
Installée sur son lit, et d’une voix basse :
- Je ne sais pas, t’as que chercher sur le répertoire de mon cellulaire !
- Et il est où ton foutu de gsm ?
- Sur la table basse, t’as qu’ouvrir les yeux ! dit-elle en grommelant.
En le tenant entre mes mains, je tapais le nom Ibtissem, mais aucun résultat ne s’affiche.
- Hey, tu l’as enregistrée sous quel nom, putain !
Mais elle ne répondait pas là.
- Amira ! merde ! je te parle !
Et je passai un petit quart d’heure à frapper à la porte de sa chambre, sans qu’elle me parle ou me rouvre la porte.
- Et merde !
Au bout des nerfs, je passai presque un long moment à visualiser tous ses contacts, en espérant trouver le numéro de sa cousine, mais à ma surprise je trouvai le numéro de Sahar. C’était un choc pour moi. Et beaucoup de questions passaient dans ma tête. Ça m’intriguait de savoir la nature de relation qui existait entre les deux filles. Et surtout pour quelle raison elle l’a enregistrée étant donné qu’elles ne se connaissaient presque pas.
En descendant un peu plus dans le répertoire, je tombai sur un contact qu’elle a surnommé petit cœur, qui n’était que mon numéro.
Ça m’a vraiment épatée, de me trouver le seul contact, avec un surnom aussi adorable. Tous les autres étaient affichés avec le nom et prénom soit avec un surnom débile. Et ça m’a poussé à m’interroger, encore et encore, si elle avait encore des sentiments pour moi, qu’elle essayait de cacher.
J’ai eu comme un petit pincement au cœur, comme une petite lueur d’espoir qu’elle a eu un jour un faible pour moi. Mais pourquoi tous ces questionnements ? J’avais une nouvelle fille en tête, et ce ne n’est pas le temps de faire marche arrière pas maintenant que j’ai réussi à l’enlever carrément ou presque de ma tête.
Et donc sans trop m’attarder à hésiter entre taper à sa porte pour le numéro de sa cousine ou continuer à me déchirer intérieurement entre l’envie de savoir si elle a encore des sentiments pour moi ou pas, je déposai doucement son GSM sur la table basse et je sortis de son appartement.
A vrai dire, je ne savais pas quoi faire. Je n’avais aucune idée de ce que le destin me préparait comme paquet de surprises. Et je ne voulais pas non plus continuer à penser parce que ça commençait vraiment à m’empoisonner la vie.
Et voilà, à midi, je me trouvais à l’intérieur de l’espace culturel l’étoile du Nord. Accompagnée d’un verre de jus frais, je suivais passivement et désintéressée des yeux, un groupe de techniciens préparant la salle de spectacle pour un prochain concert musical jusqu’à ce qu’un petit bip me réveille de mon pseudo méditation.
C’était Sahar. Un sourire spontané trouva son chemin sur mes lèvres. Et au moment, où je tenais mon gsm avec l’intention de l’appeler. Je la voyais me faire un signe avec la main, en venant vers moi.
Je me levais et on échangeait deux bises .elle prit une chaise et s’asseyait en croisant les jambes.
-alors qu’est ce que tu fais ici toute seule ? En traçant un agréable sourire sur ses lèvres. Tu attends quelqu’un ?
- non, je ne sais pas comment je me suis trouvée à l’avenue Habib Bourguiba, et du coup j’ai eu l’idée de boire un jus dans un endroit assez tranquille et isolé comme le sien.
Il y a eu un petit silence. Un homme venait de poser sur le plateau un grand baffle puis s’en alla. Elle le suivait un peu avec le regard puis lui sourit et tourna la tête vers moi une autre fois.
- Tu le connais ? dis-je curieuse.
- Oui, c’est un pote à moi… je suis venue avec lui, il y aura un petit concert d’un jeune groupe de rock vers 18h. ça serait intéressant d’écouter un groupe tunisien de rockeurs.
Comme si j’avais le désespoir du monde entier, le cœur coupé, je balbutiai.
- Oui…t’as raison ?
Sentant que je n’allais pas bien, elle mit sa main sur la mienne et dit en me la caressant, d’une voix inquiète.
- Qu’est ce qui se passe Yasmine ? tu n’as pas l’air d’aller bien ?
- Non, cava ! dis-je en dessinant un faux sourire.
En fait, je ne savais pas si je devrai lui dire dans une crise d’étouffement ce qui m’angoissait ou garder le tout pour moi. J’étais plutôt emportée par la peur de la perdre si elle découvre qu’une nouvelle fille venait de se mettre entre elle et moi. Et finalement, je n’ai rien proférée. Interrompue avant même de remuer mes lèvres, par la voix de Abdelmajid, qui pénétrait la cafétéria avec deux filles aussi masculines qu’elle.
- Hey, regardez qui est là ?
En baissant la tête et en mordant la lèvre inférieure d’énervement.
- Qu’est ce qui l’amène cette conne !
Elle s’approcha de moi avec ses deux copines et en déposant sa lourde main sur mon épaule, elle continua de sa voix grave.
- Tu ne nous présente pas ta copine ?
En faisant semblant de sourire, je ricanai.
- Tu connais Sahar, quand même, ce passage par les présentations est inutile à mes yeux.
Elle prit une chaise d’une autre table et la colla à la mienne en s’asseyant.
- Je ne parle pas de Sahar.
- De qui alors ? dis-je aussi étonnée que Sahar.
Abdelmajid, me regarda avec malice et me dit en me tapant l’épaule.
- Voyons, la cousine d’Amira.
- Quoi ? criai-je la face pale.
Elle éclata de rire et continua.
- Le monde est si petite ma chère, eh ! et grâce à Facebook, rien ne peut se cacher.
Bleue de colère, Sahar, serra ses mains et m’interrogea en tremblant de voix.
- Tu m’avais dit que tu n’avais personne. Je ne suis pas aussi désespérée que ça Yasmine...
Ne savant plus si je devrai me défendre ou me renseigner auprès de Hana, je m’écriai comme une folle.
- Mais d’où t’as eu cette information ?
Un peu stupéfaite, Hana, me regarda bizarrement et dit.
- Tu n’as pas ouvert ton compte Facebook hier soir ?
Et comme je ne disais rien, elle continua.
- Amira était en train de féliciter sa cousine sur son mur et j’ai lu toute la conversation. J’étais stupéfaite, vraiment de savoir que sa cousine sortait avec une fille parce qu’il y a quelques semaines, je l’ai vue avec un jeune garçon aussi gros qu’elle à une cafétéria de l’avenue et je croyais qu’elle était hétéro.
- La salope ! dis-je, les yeux brulant de colère.
Et Sahar, se mettait debout, et traça un sourire furieux en me disant.
- Tu me déçois vraiment.
Là, j’ouvris grand les yeux, et je sautais de mon lit complètement effarouchée. Le cœur battant si vite, j’avalais ma salive avec difficulté puis quand je me suis aperçue qu’il ne s’agissait que d’un mauvais rêve, je me suis allongée de nouveau sur mon lit, tranquille cette fois-ci en regardant le plafond. Après un bref moment où je ne faisais que prendre mon souffle tellement j’avais stressé, je saisissais mon gsm où je trouvais 7 appels en absence tous en provenance de mon papa avec ce message de sa part envoyé tôt ce matin.
« Je passerai te voir l’après midi. Il faut qu’on parle ». Et cette fois-ci, une chose m’était certaine, ce qu’il ne s’agissait pas d’un cauchemar.
 

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