mardi 29 juin 2010

Entre filles: épisode21: Princesse Majida

Publié par bella_ragatsa à 06:31

Croire au destin, c’est pour moi refuser de contribuer d’une manière ou d’autre au tissage d’une grande partie de sa vie. C’est accepter sa défaite, lorsqu’elle surgit sans réagir, c’est aussi baisser les bras et se laisser soumettre par une vague métaphysique qui ne se lasse de prendre du volume dans les tréfonds de nos âmes.
C’est exactement comme le fait de croire qu’on soit né sous une bonne étoile ou pas, que la chance aurait choisi dans une phase post- naissante une personne au détriment d’une autre, sans la moindre justice ou logique.
Pour moi, la chance n’est donc pas un vrac de circonstances et d’opportunités offertes solennellement, à une personne pour la beauté de ses yeux, mais un ensemble complexe de signaux qu’on rencontre partout, et qu’on doit déchiffrer au bon moment. Et donc, sont chanceux, ceux qui s’adaptent parfaitement et se fusionnent avec l’environnement et ses métabolismes.
Pourquoi aborder le sujet de la chance et du destin ? Tout simplement, parce que je n’étais pas prête à lâcher prise avec Sahar. Je me disais, que si elle est sortie avec une autre fille, ce n’est pas nécessairement parce que je manquais de chance, mais plutôt comme résultat de ma réticence.
Je n’étais pas aussi prête à lâcher prise parce que je sentais, que cette fille s’intéressait à moi, et qu’en cas où elle serait ma copine, ça pourrait durer entre nous deux.
Et donc pour la première fois de ma vie, je me trouvais décidée à me battre jusqu’au bout pour l’avoir à mes cotés, pour l’avoir à moi toute seule plutôt. Mais pour en arriver là, il fallait éliminer cet obstacle, qui s’appelait Mouna, une fille de 24ans, aux longs cheveux noirs, et aux yeux verts, qui me l’a piquée à un moment où je fus perdue dans un pseudo amour.
Cette idée diabolique éliminatoire ne m’a obsédée qu’après avoir eu une conversation en tête à tête avec Sahar. C’était d’ailleurs le même jour, où elle m’a présenté sa copine.
C’était une demi-heure, tout juste après m’avoir bavée de cette révélation morose. Je n’ai pas dit le moindre mot lorsqu’elle me l’a annoncé. Je me suis contentée de sourire à contre cœur, puis je me suis dirigée vers mes deux potes, qui m’ont accueillie chaleureusement, en croyant que j’ai eu peut être son numéro de téléphone.
- Alors, c’est pour quand votre premier rancard ?
En sortant une cigarette du paquet.
- Elle a une copine.
- Quoi ? s’écria Nawras.
En allumant la cigarette, j’ajoutai.
- Elle sort avec une fille.
- Qui ?celle avec elle ?
- Et oui !
Cyrine, me caressait la main en disant doucement.
- Ce n’est pas grave ma chérie, on te trouvera une autre.
Mais, notre discussion prit fin lorsque Sahar s’approcha de nous et m’adressa la parole.
- Excuse moi Yasmine, est ce que je peux te parler un moment.
Nawras, me fit un petit clin d’œil, et Cyrine se contentait de sourire. Alors, je me levais et je la suivais au grand portail de la cafétéria.
- Je… j’ai senti comme si t’étais un peu intimidée ! me lança-t-elle avec difficulté.
En cherchant à croiser son doux regard.
- Mais non, un peu surprise, mais… et en avalant ma salive. Mais je suis contente pour toi.
En me regardant longuement, elle sourit et me dit.
- Merci. Puis en hésitant un moment, j’espère que tu trouveras si vite une copine.
En riant légèrement.
- Je ne suis pas pressée.
En serrant les poings, elle murmura en reculant d’un pas.
- Bon, j’y vais alors, ma copine m’attend.
Dés qu’elle tourna le dos, je m’écriai.
- Est-ce que tu l’aimes ?
Elle s’arrêta sur place, puis en tournant à peine la tête vers moi.
- Elle me plaît, et puis ça ne fait que deux semaines qu’on sort ensemble, donc je prends mon temps pour la connaître encore plus.
Toutefois, elle ne me demanda pas sur la raison pour laquelle je lui ai posé cette question, elle traça un petit sourire et partit vers sa copine.
Sa venue vers moi était donc comme un signe de l’affection qu’elle portait pour moi, mais qu’elle ne pouvait manifester vu qu’elle est engagée maintenant. Et je ne savais pas pourquoi depuis que je me suis débarrassée d’un bandeau s’appelant Amira , mon attirance pour elle grandissait de plus en plus. Je la trouvais même plus belle qu’Amira, et beaucoup plus douce.
Et cette attirance me poussait encore loin au point de décider de détruire sa relation avec ma rivale. C’était méchant, mais en amour il y a toujours un gagnant et un perdant, et j’étais convaincue, que je serais la gagnante dans cette partie.
Mais je n’avais pas un plan en tête pour opérer dans ce sens. Ce n’est que quatre jours plus tard, en me promenant dans Géant avec Nawras et Cyrine, qu’une idée assez prometteuse m’est venue à l’esprit.
On faisait de la lèche vitrine à l’entrée de l’hypermarché, jusqu’à ce qu’on s’arrête à l’entrée de la boutique Benetton. Là, une chemise plaisait grave à Cyrine au point qu’elle décide de l’essayer. Il y avait assez du monde dans la boutique comme il s’agissait d’une samedi après midi. Et comme on ne trouvait de vendeuse disponible, on se dirigeait nous trois vers le caissier, qui était le responsable de ce point de vente, mais on n’était pas sure s’il était un homme ou une femme. Il avait le visage crémeux, les sourcils superbement épilés, les lèvres assez roses et brillantes, les bras aussi épilés, mais s’habillant d’une tenue de travail masculine : un pull vert et un jean délavé.
- Excuse-moi monsieur ! mais on voulait essayer une chemise.
D’une voix assez rauque, mais tout en riant comme une femme, il répondit.
- Une minute s’il vous plaît les filles.
Puis en quittant le comptoir, et en applaudissant, tout en criant.
- Mouna ! Mouna ! descends, il y a des clients en bas.
A peine deux minutes, la vendeuse descendit du l’escalier menant au petit dépôt, et en cherchant à rencontrer son regard je m’apercevais qu’elle fut la copine de Sahar.
Elle fut un peu surprise, mais elle se rappelait de mon visage. Comment pourrait-t-elle m’oublier bien sur après m’avoir dévisagé d’un aussi désagréable regard l’autre jour comme si elle pressentait que je présente une menace pour son couple.
- Ah salut, ne t’es pas l’amie de Sahar ? me dit-elle en traçant un sourire de boa.
En faisant semblant de sourire, je répondis.
- Oui, et toi sa copine !
Un peu honteuse, elle murmurait.
- Ne le crie pas tout haut, eh ! puis en cherchant de regard Cyrine, alors c’est quelle chemise que tu veux essayer ?
- Celle exposée dans la vitrine, la rose.
- Ah d’accord !
Puis partit avec mon amie, vers l’entrée de la boutique et je restais debout avec Nawras prés du caissier, qui ne cessait de mâcher un bout de chewing gum. Il était assez bizarre comme mec et avait une poitrine assez poussée. Il remarqua mes regards curieux et traça un sourire et dit en riant.
- Tout le monde me regarde bizarrement à cause de ma poitrine.
Je ne disais rien et je tournai la tête vers le petit coin de faux bijoux, où un bout de feuille collé au mur m’attirait l’attention. C’était une annonce de recherche de vendeuse à mi-temps.
Et sans très réfléchir, j’interrogeai le caissier.
- Excusez-moi ! vous cherchez une vendeuse ?
Il sourit et dit.
- Oui, t’es intéressée ?
Sans tourner la langue sept fois dans ma bouche je disais.
- S’il n’est pas déjà pris, pourquoi pas .
Il sourit et répondit calmement.
- Il y a à peine une heure qu’on l’a collé au mur, et t’es la première à venir pour l’annonce. Puis en avalant sa salive, donc si t’es intéressée, tu reviens demain matin, pour un petit entretien avec le patron.
- Ah d’accord c’est cool !
Là, Nawras me tira par la main en se demandant étonnée.
- Qu’est ce que tu fais, là ?
- Ben, je cherche un job à mi-temps.
- Tu fais de la médecine, l’as-tu oublié ?
Je laissai un petit sourire moqueur se faufiler de mes lèvres en disant.
- Ben, oui, mais je n’assiste jamais au cours donc gagner un peu de frics c’est mieux que trainer dans les cafétérias.
Elle me regarda un bout de temps non convaincue et continua.
- T’as déjà un petit job…
- Chanteuse dans un restaurent, une fois par semaine ou deux ? non merci !
Là, les yeux du caissier s’illuminaient d’une lueur d’admiration, et il s’écria.
- Tu chantes ?
Un peu timide, je disais.
- Oui, parfois !
- En arabe ou…
- En anglais souvent.
- Ah c’est cool, moi aussi je suis chanteur, j’ai un petit groupe, on chante souvent des morceaux de blues, et en riant, mais comme on n’a pas assez de moyens pour sortir un album, on se contente de chanter dans les mariages, des morceaux pourris en arabe. Et sans me quitter d’un regard intéressé, moi je m’appelle Majdi, mais je préfère qu’on m’appelle Majida ! hihi, princesse Majida !
Puis sortit du comptoir et posa sa main sur mon épaule, en me disant.
- Si ça ne te gène pas, tu pourrais me chanter un petit morceau de ton choix ?
J’hésitai un petit moment mais je finissais par chanter le refrain d’une ancienne chanson d’Alicia Keys.
Émerveillé par ma voix, il traça un superbe sourire et s’écria excité.
- T’as vraiment une très belle voix ! et en me faisant un clin d’œil, tu auras ce job, si tu acceptes de devenir membre de mon groupe, on a besoin d’une présence féminine hihi ! quoi que je me considère femme aussi hihi !
C’était vraiment un drôle d’homme de 28ans, avec qui je suis devenue très amie au fil du temps, un chanteur transsexuel le soir et un vendeur très efféminé le jour.
Dès que Cyrine sortit du cabinet d’essayage, elle s’approcha de nous et fit un petit tour à la façon d’un mannequin et dit.
- Alors, est ce qu’elle me va ?
- A merveille ! s’écria Mouna, voulant la lui faire acheter à tout prix pour avoir sa commission.
J’intervenais en adressant la parole à Mouna.
- Vous n’avez pas d’autres couleurs, je crois que le blanc te va mieux.
Là, Majdi, me soutenait en disant.
- Tiens, tiens, tu t’y connais dis donc ! et en parlant à Mouna, en fait, je crois qu’on a trouvé notre nouvelle vendeuse ! et en me tapant sur l’épaule fortement, la voilà, et en riant, tu t’appelles comment ma chérie ?
- Yasmine !
Là, Mouna devenait de toutes les couleurs, et perdit sa langue. Elle n’était pas la seule d’ailleurs, mes deux amies aussi l’étaient, et elles savaient aussi, que j’avais un plan derrière la tête à travers cette soit disant envie de bosser en tant que vendeuse.
Le lendemain était donc le premier jour dans mon nouveau job. Vers 10h, la boutique avait ouvert ses portes, et je me suis dirigée vers la petite chambre réservée au personnel de cette boutique. On était quatre y compris le caissier.
J’ai donc fermé la porte derrière moi, pour m’envelopper dans mon uniforme de travail, et là, la porte s’ouvrit brusquement et se ferma si vite. Je bondis sur place, et en tournant ma tête avec effroi, je rencontrai un regard aussi coléreux que celui d’un taureau de corrida.
C’était Mouna, brûlant de fureur et m’injectant d’un regard de plus en plus désagréable. En évitant de rencontrer toute cette haine dégagée de sa frimousse je disais.
- On frappe à la porte, avant de l’ouvrir…
Sans me laisser développer ma phrase, elle s’écria avec une immense colère dans la voix.
- Je ne pars d’ici que si tu m’expliques pourquoi t’as choisi de bosser avec moi dans la même boutique ? et en me mobilisant d’un regard assez venimeux, ne me cherche pas, ok ? sinon je te jure, que tu le regretteras !

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