mardi 15 juin 2010

Entre filles: épisode20: On récolte ce que l'on sème

Publié par bella_ragatsa à 07:23

Qu’est ce qui pousse une personne à se venger ? Une question qui avait tellement bouillonnée dans ma tête. Est-ce la jalousie ? Est ce l’amour ? Est-ce la haine ? Est ce pour savourer la douleur d’autrui et réjouir de sa souffrance ? Où est-ce juste un prétexte pour retrouver un ancien amour ?
En suivant mon cœur, j’avais opté pour la première alternative. Pour moi, c’était sa façon de me faire payer la colère qu’elle ait subite suite au baiser maudit que j’ai échangé aux toilettes des filles.
Ce soir là, j’avais comme la langue coupée. Les mots aussi avaient pris leur part de vengeance en m’abandonnant. Mes lèvres furent le seul organe qui m’ait soutenu, en illuminant mon visage d’un faux sourire.
Mais ce sourire aussi m’avait largué lorsque Ilhem nous avait expressément avoué son amour pour ma copine. Ce qu’il était douloureux pour moi de l’entendre parler d’Amira avec tant de passion. Ce qu’il était épineux pour moi, de ne pouvoir crier tout haut, tais toi s’il te plaît. Je ne sais pas en tout cas comment j’ai trouvé la force ce soir pour ne pas pleurer et lui révéler que j’aimais aussi la même fille.
Ines me regardait avec un œil bienveillant, comme si elle tentait de lire les mots qui ne voulaient pas sauter de mes lèvres. Vers 23H, elle m’avait ramené chez moi. En garant sa POLO sous l’immeuble que j’habitais, elle ferma la radio, puis en posant doucement sa main droite sur mon épaule.
- Dors bien !
En levant sur elle à peine, un regard triste.
- Merci pour m’avoir ramenée.
Je l’embrassais par la suite sur sa joue puis en ouvrant la porte, elle m’interpelait.
- Tu feras mieux de rompre !
- Pardon ? dis-je, en tournant la tête.
Elle alluma une cigarette et reprit d’une voix confiante.
- Tu sais très bien de quoi je parle ! et en souriant, c’est une salope, admets le !
Sans vouloir m’investir dans une profonde conversation avec elle, je souris sans dire un mot puis je quittais la bagnole. De la fenêtre de ma chambre à coucher, je la voyais fumer un dernier bout de la cigarette puis la jeter par terre, en démarrant le moteur.
Le lendemain, sans même prendre mon petit déjeuner, je me suis habillée en me dirigeant vers l’appartement d’Amira. Ce qu’elle était une bonne comédienne, en m’ouvrant la porte avec un large sourire, comme si elle était heureuse de ma vue ou plutôt comme si rien ne s’était passé.
- Hey, t’es bien matinale, ma chérie.
En avalant avec difficulté ma salive, je criai.
- T’es vraiment, une…
- Salope ! pétasse ? dit-elle, en croisant les bras. Puis en me tirant par le bras, allez entre, on va prendre le petit déjeuner ensemble, je n’aime pas manger toute seule.
Ce que c’est méprisant d’être amoureux ! Ne pouvoir jamais dire non à la personne qu’on aime est le pire châtiment qu’on puisse recevoir. Comme un esclave bien obéissant je l’ai suivi au petit salon, elle m’avait offert une tasse de café au lait et s’était assise prés de moi.
- Alors ma puce ? je t’ai manqué tant au point de venir me voir à 9h pile ?
En m’efforçant de participer à son sale jeu, je répondis.
- Je ne t’ai pas manqué autant moi ?
- Mais si mais si ! puis elle posa son bol sur la table basse et se mettait à jouer avec mes cheveux, sans me quitter des yeux, est ce que je t’ai déjà dit que j’aime faire l’amour le matin ?
Gentiment, je me débarrassai de sa main puis je murmurai.
- Non, pas à ce que je le sache ! et en ingurgitant un peu de mon bol, tu ne m’as pas dit aussi que tu aimes faire l’amour à Ilhem ?
Elle traça un sourire malin, croisa les jambes puis d’un ton froid.
- Et alors, ce n’est pas si important, non ?
En déposant le bol sur la table, avant qu’il me tombe des mains tellement je vibrai d’énervement.
- Tu m’as trompé, Amira !
Elle se leva alluma la lumière du couloir et revint vers moi en disant.
- On est quitte maintenant, tu m’as trompé et je t’ai rendu la monnaie de ta pièce !
Dans un excès de colère, je hurlai.
- Je ne t’ai pas trompé moi. C’était un simple baiser…
En me coupant la parole d’une voix soulagée.
- Si je ne m’étais pas venue, ça aurait été le cas ! puis en mettant sa main audacieusement sur ma cuisse, j’ai envie de toi !
En expédiant sa main violemment, je criai.
- Non, tu n’as pas envie de moi Amira ! tu veux juste m’humilier comme d’habitude !
Elle me regarda un long moment puis avec son sourire charmeur prit la parole.
- Et je peux savoir pourquoi t’es venue, si ce n’est pas pour me faire l’amour ?
- T’es vraiment la fille la plus prétentieuse que j’ai jamais vue…
En riant à voix basse, elle répondit en épousant mon regard.
- C’est pour ça que tu m’aimes non ?
Ma gorge palpitait et mes yeux brillaient, en rajoutant.
- Puisque tu parles d’amour, je veux te poser une question.
- vas-y !
Le souffle court, je parlais.
- Est-ce que tu m’aimes ?
Elle laissa un rire ricanant l’emporter puis dit.
- Je savais que t’allais me poser cette question.
- Réponds alors !
Elle hésita un petit moment puis dit.
- Oui je t’aime mais je ne suis pas amoureuse de toi !
D’un coup, j’éprouvais le besoin de me lever mais elle me tint par la main en disant.
- Tu n’as pas assez bu ?
La vue, troublée, tellement les pleurs gonflaient mes yeux.
- T’as encore quelque chose de plus amer à m’offrir ?
Elle se mettait debout, me ceintura de ses bras et dit en me dévorant du regard.
- Un bel orgasme matinal !
Ma réponse cette fois-ci ne fut pas verbale, mais une belle gifle bien placée sur sa joue gauche. Elle baissa la tête un petit moment, puis hocha sa face en me collant, une bien forte sur ma joue. Me regarda après un long moment, et dit en cherchant mon menton avec ses doigts.
- Sors de chez moi, je ne veux plus te voir !
Le visage noyé par mes cheveux, je repris d’une voix étranglée de pleurs.
- Non, cette fois-ci, c’est moi qui ne veux plus de toi ! c’est pour cela que je suis passée te voir !
- Pour me l’annoncer ?
En souriant.
- Oui.
D’un œil furieux, elle criait.
- Tu peux retrouver ta nouvelle copine maintenant.
D’un regard partagé entre la rage et l’humiliation, je continuai.
- Et toi Ilhem.
Puis sans la regarder je me dirigeais vers la porte, mais avant de l’ouvrir, je faisais un dernier tour sur place en m’interrogeant.
- Est-ce que t’as des sentiments pour elle ?
- Puisque c’est fini entre nous, je ne vois pas pourquoi tu veux le savoir.
En lui coupant la parole, d’une voix colérique.
- Parce que je ne comprends pas comment tu peux sortir avec moi alors que ton cœur est pris par une autre !
Après un long silence, ses yeux s’allumèrent d’une méchante lueur.
- Je voulais… puis en ingurgitant sa salive, je voulais savoir si j’étais capable de trouver du plaisir avec une fille !
J’étais sur le point de ma pâmer, mais je ne savais pas comment mes jambes avaient pu me sauver d’une telle situation, jusqu’à me ramener chez moi. Si je pouvais résumer, elle représentait mon premier amour et je représentais sa pute, ou son cobaye sexuel. Je peux même en être fière. Grâce à moi, elle a eu les idées plus claires, et a avoué son amour à Ilhem. Et moi qu’est ce que j’ai eu en contre partie ? Absolument rien, que des pleurs, une tristesse et un début de dépression qui m’avaient hanté deux semaines entières.
Ce n’est qu’à partir d’un mois plus tard, que j’ai récupéré mon sourire grâce à l’aide de mes deux meilleures copines Cyrine et Nawras. Elles m’avaient beau supplié de les accompagner à l’étoile du Nord, et j’avais finalement accepté.
C’était un beau jour d’automne, vers 19h15. Elles me racontaient des blagues, des souvenirs drôles de leurs enfances, elles voulaient briser le mur de tristesse qui m’avait hanté.
- Écoute, on va te trouver une fille le plutôt possible ! s’écria Nawrass en riant.
Cyrine voulant la taquiner, intervint.
- Ben si tu commences à te chercher une pour toi tout d’abord ça serait mieux.
Je souriais sans participer à la conversation, et là Nawras continua.
- Qu’est ce que je fais, si je ne plais à aucune fille ? et en caressant ses cheveux, pourtant j’ai du succès avec les garçons.
En allumant une cigarette, je disais.
- Ben, il serait mieux peut être, que tu sortes avec un mec !
- Non, pour le moment je veux une fille ! dit-elle en suivant le derrière d’une fille qui venait de passer juste à côté.
En inhalant de la fumée, je disais d’une voix amère.
- Je crois que moi, aussi je vais me contenter des mecs.
Cyrine, fronça les sourcils et s’écria stupéfaite.
- Hey, t’es lesbienne ma chérie..
- J’ai eu ma dose avec le lesbianisme.
En mettant sa main sur la mienne.
- T’es juste tombée sur la mauvaise personne, et en traçant un adorable sourire sur ses lèvres, je suis certaine que beaucoup de filles rêvent de sortir avec toi. Regarde toi, t’es belle !
Puis en tournant la tête par hasard, son regard tomba sur Sahar assise au fond de la cafétéria avec une fille.
- Cette fille là-bas, a sûrement envie d’être ta copine.
Nawras, interféra pour m’encourager.
- Oui j’ai remarqué, qu’elle te matait discrètement depuis tout à l’heure.
Au moment, où je croisais son regard, Sahar me souriait puis en adressant la parole à Cyrine.
- J’étais méchante avec elle la dernière fois qu’on a parlé et…
Cyrnie, mit sa main sur mon épaule et m’encourageait.
- Va lui parler ! je serais vraiment contente, si elle serait ta copine ! elle est super gentille et douce !
Sous une bouffée d’encouragement, je me levai et je me dirigeai vers la table de Sahar. En me voyant, elle traça un large sourire et dit.
- Ah, je suis enfin heureuse de te voir ! j’ai entendu que t’avais rompu avec ta meuf, je suis vraiment désolée.
- Non, ce n’est rien ! dis-je d’une voix timide.
La fille, avec elle, me regardait d’un air craintif sans dire le moindre mot, puis en m’injectant d’un autre plus désagréable que le premier.
- Tu ne me présentes pas ton amie ?
Sahar, un peu hésitante, s’écria.
- Ah, excuse moi ma puce ! puis en me souriant, c’est Yasmine une amie à moi, et en tournant la tête vers la fille, c’est Yosra ma petite amie !

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