mercredi 5 mai 2010

Entre filles: épisode18:baiser de consolation

Publié par bella_ragatsa à 06:02

Je ne pense pas que surprendre sa mère en compagnie d’autre personne que ton père, soit une opportunité qui s’offre à tout le monde. Chacun souhaite le bonheur, des êtres les plus chers à ses yeux ; les deux êtres qui l’ont mis sur cette terre. Mais la définition de cette notion de bonheur, diffère d’une personne à une autre selon sa culture, sa société son ouverture d’esprit et les mœurs, dans lesquelles il s’imprègne dés son jeune âge.
Toutefois, les avis convergent le plus souvent, vers l’ile de cœur de l’enfance ; une enfance joyeuse et conviviale avec deux parents exceptionnels, qui avaient tout, pour un bonheur éternel. Ils étaient beaux, riches mais surtout deux cœurs animés par la force de l’amour passionnel, qui était rare et précieuse, un don divin pour les âmes pures.
Et voilà, qu’un élément majeur de puzzle de leur équilibre disparait et avec lequel, tout s’évapore aussi, l’amour devient un agréable souvenir lointain, leurs enfants, une preuve tangible de leur ancienne vie commune mais leurs beautés demeure toujours, présente, pour commencer une nouvelle vie.
Je n’avais aucune objection contre le fait que ma mère refait sa vie, mais par fierté, j’aurai aimé qu’elle choisisse une âme sœur convenable. Et selon moi bien sûr, l’âme sœur devrait avoir son âge, voir plus mais pas un jeune homme, de l’âge de mon grand frère.
C’était honteux. Et plus je voyais, Amira sourire en cachette, un sourire de moquerie, plus je sentais le sang circulant dans mes veines comme étant de l’essence prêt à s’allumer à n’importe quel moment.
Ma mère quant à elle ne semblait pas trop perturbée par ma vue. Cependant, elle déployait la carte de la mère, pour prendre sa part de revanche en me posant une multitude de questionnements sur les raisons pour lesquels je ne rentrai pas ces dernières semaines chez moi à Sousse.
- Ah ! te voilà, et moi qui croyais que t’étais trop débordée par tes études pour rentrer le weekend chez nous. Et en me dévorant d’un regard sévère, et ma princesse, passe son temps à trainer dans les cafétérias comme les filles nulles.
Ici, Amira, ne put retenir un rire si fort puis me dit d’une voix très basse.
- Elle a raison là-dessus.
- Ferme-la, tu veux ! dis-je, doucement, en l’injectant d’un regard furieux. Puis je croisais les bras et je contemplai son boyfriend, qui n’était pas mal du tout, un bel homme aux yeux verts et bien foutu, mon type de mecs si j’étais hétéro je suppose.
Comme elle remarquait mon regard déviant vers son petit ami, elle prit la parole et me dit fièrement en le tenant par le bras.
- Je te présente Ahmed, c’est un professeur de danse de salsa et de tango !
Il me sourit et dit de sa voix rauque.
- Enchanté, tu ressembles grave à ta mère.
- Je le sais, connard !
Enfin, je l’ai dit à moi-même, mais, avec mon sourire de boa, quand je devenais en colère, je murmurai.
- Moi, même !
Ma mère, qui ne me laissa guère le temps d’évacuer cette colère, encore coincée au fond de ma gorge, persistait.
- Alors ne t’as pas cours aujourd’hui ?
- La présence n’est pas obligatoire, et puis presque personne n’assiste aux cours, on les imprime à la photocopieuse
- Ah, c’est comme ça alors. Et en élevant sa voix devant tout le monde, ce weekend t’as intérêt à rentrer ! et en souriant, ta mamie est très en colère d’après toi. Et tu sais très bien comment elle devient lorsqu’elle devenait en fureur.
Pour vous expliquer, en deux mots, depuis le divorce de mes parents, l’autorité s’était transmise de mon père, à sa belle mère, par voie de cooptation traditionnelle. Même avant leur divorce, elle tenait ce pouvoir et aimait bien donner les ordres à tout le monde y compris mon père. Elle était, aussi du loin, un facteur responsable de ce divorce. Et ma mère, n’avait jamais le moindre contrôle sur nous.
On n’était pas trois enfants pour mon père, mais quatre avec ma mère, qui n’était point responsable et indépendante de sa vie. Elle se comportait même après avoir eu des enfants, comme une fille en pleine adolescence ; le fruit d’une vie de petite princesse, enfant gâtée d’une famille, très connue et anciennement faisant partie de la haute société, mais qui reste toutefois l’une des grandes familles bourgeoises à Sousse.
Et donc vous pouvez comprendre qu’elle n’était ma mère que sur mon acte de naissance, mais disons ma grande sœur dans la vie courante.
- Je ne peux pas rentrer ce weekend, j’ai un examen lundi et je préfère réviser dans mon appartement. Et en levant sur elle un regard rancunier, mais je pense qu’elle serait en colère si, elle saurait que tu sors avec un homme de l’âge de Mouhaned.
Elle se taisait un petit moment comme préparant le dossier de sa défense et reprit.
- Ton frère est au courant !
- Et il ne dit rien ?
En échangeant un agréable regard avec son copain, elle continua.
- Non, par contre il est content pour moi, parce qu’il ne souhaite que le bonheur de sa mère et ne réagit pas comme un gamin égoïste.
Furieuse, et ignorant les regards qui nous perçaient depuis un bout de temps, dans la cafétéria.
- Je ne suis pas égoïste, man ! tu peux sortir avec qui tu veux, mais pas avec un type qui a la moitié de ton âge.
Là, l’homme m’interpela et dit.
- Écoute moi, bien Yasmine, j’aime beaucoup ta mère et c’est sérieux entre nous deux…
Ma mère, lui coupa la parole, en me regardant nerveusement.
- Ce n’est pas la peine de t’expliquer Ahmed devant elle, je n’attends pas ta bénédiction pour sortir avec lui ! et en me pointant du doigt, je suis ta mère, et non ta fille pour me donner des ordres.
J’ingurgitais ma salive avec difficulté et je criai.
- Ben, au moins sors avec un homme de l’âge de mon père !
- L’âge de ton papa ? je veux pas sortir avec un homme me rappelant le grand perdant avec qui j’ai passé une vingtaine d’années, et en laissant un rire persiflant l’emporter, lui-même sort avec une jeune fille de ton âge alors cesse de me juger et de ma casser la tête !
Comme on faisait le centre du monde, dans la cafétéria, le propriétaire s’approcha de nous et dit d’une gentillesse plus proche d’une hostilité.
- S’il vous plait, soit vous vous assoyez autour d’une table, soit partez, vous bloquez l’entrée de la cafétéria et vous faites beaucoup de bruit.
Et voilà, on se faisait virer à l’amiable par le propriétaire de la cafétéria. Tout de suite après, ma mère tira son mec par la main et m’injecta d’un regard coléreux sans me dire le moindre mot et quelques secondes plus tard, je m’engouffrais avec les filles dans la bagnole et on se dirigea vers l’étoile du nord, pour changer d’air.
Tout au long de la route, Ilhem fut silencieuse comma ayant de la compassion pour moi, sans trouver les mots pour me calmer alors qu’Amira, super sympathique et raffinée, ne cessait de rire et de tourner la tête vers la fenêtre, pour éviter mon regard coléreux et une éventuelle dispute en cas où nos regards se croisaient.
Une fois dans la cafétéria, on trouva le reste de la bande de loosers de ma petite amie, qui ne semblait pas désolée pour moi, comme s’en moquant de ma colère et ma tristesse.
- Hey, les filles, cava ? s’écria Hikmet, en balançant sa natte. Puis se leva et faisait un grand câlin à Amira et dit, tu m’as manqué ma jolie !
- Toi aussi, connard ! et s’assit prés de lui et se mettait à jouer avec sa natte.
Je m’asseyais avec Ilhem face à eux, et Soulayma, en allumant une cigarette intervint.
- Alors vous avez changez d’avis ?
Amira, sourit arracha le bout de cigarette des lèvres de sa copine et dit en riant.
- Euh, oui tu peux dire, grâce à la mère de ma salope.
- Sa mère ? s’écria Hikmet en riant, qu’est ce qu’elle fait sur Tunis ?
Sans scrupule, Amira continua.
- Ben, elle se balade avec son petit ami, n’est ce pas ma puce ?
Ilhem intervint, pour la grogner.
- Ça suffit Amira !
Et comme j’étais aux bouts des nerfs, prête à exploser comme une bombe à n’importe quelle minute, je me levais sans la regarder, et je me dirigeais vers les toilettes des filles. Là-bas, je m’enfermais dans les chiottes, je m’assis sur la lunette, et je mettais à pleurer, silencieusement, des pleurs d’un cœur blessé et humilié.
Un petit quart d’heure après avoir lavé le visage d’une averse de larmes chaudes, j’ouvris la porte et je me dirigeais vers le lavabo pour me débarbouiller, en tournant la tête, par hasard, vers ma droite, je constatais que la fille qui se tenait debout prés de moi fut Sahar, la douce file qui voulait sortir avec moi, avant que ça devenait sérieux entre moi et Amira.
Elle me regarda d’un air soucieux et dit en me caressant le visage tendrement.
- T’as les yeux tous rouges ! et en levant sur moi un regard bienveillant. Ne me dis pas que c’est toi la fille qui était en train de pleurer en s’enfermant dans les chiottes.
Comme je ne disais rien, sans oser hocher la tête, car j’avais encore envie de pleurer, elle poursuivait en me caressant la joue.
- Cava, j’espère ! puis me donna une serviette et continua, arrête de pleurer s’il te plaît ! et en tenant mon visage entre ses mains, je ne supporte pas de voir une fille triste !
En traçant un faible sourire, je murmurai.
- Ok, c’est bon je ne pleurerai plus.
Elle dessina un sourire radieux et m’embrassa sur la joue tendrement et poursuivait de sa voix angélique.
- Tu sais que t’as un beau sourire ? puis par curiosité, j’espère que tout va bien, entre toi et ta meuf ?
En osant la regarder dans les yeux, je murmurai.
- Oui, tout vas bien, merci ! et d’une voix très basse, c’est un petit malentendu familial.
en laissant ses doigts très minces, effleurer mon visage d’une manière caressante elle murmura.
- Ça ira, tu verras !
- Oui je le sais ! dis-je sans la perdre de regard.
Elle me dévora d’un regard séduit puis tenait mon visage entre les mains et me colla un long baiser sur les lèvres. J’étais agréablement surprise, par ce baiser, au point d’en vouloir davantage. Et au moment où je cherchais moi, cette fois-ci ses lèvres, pour un nouveau baiser de consolation, mon regard tomba sur celui d’Amira, les bras croisés et le dos collé sur la porte des WC.
En levant sur moi un regard dédaigneux, elle s’écria.
- Elle embrasse bien, j’espère !

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